Petite histoire des armoiries
Dans nos esprits, les armoiries sont liées à une phase ancienne de l’histoire : on les rattache au Moyen Âge, ses seigneurs et ses châteaux féodaux. Sous leur forme la plus habituelle, ces signes de reconnaissance se rapportent effectivement à un individu ou à son lignage est s’assemblent sur le champ d’un écu qui évoque le bouclier de Lancelot ou d’Ivanohé.
On considère en effet que les armoiries se généralisèrent vers le Xé ou XIIè siècle pour permettre aux chevaliers rendus anonymes par leur harnois (cote de maille, heaume, armure…) de s’identifier sur les champs de bataille. Très rapidement, elles cessèrent d’être l’attribut exclusif de l’aristocratie guerrière pur être adoptées par l’aristocratie de moindre mérite militaire et par les bourgeois plus ou moins anoblis par l’achat de charges, de terres ou l’accession aux strates dominantes de la société. Les grandes institutions ecclésiastiques et les communes, qui naissent au tournant des XIIè et XIIIè siècles, ne manquent pas elles aussi d’affirmer par l’adoption d’armoiries leur positionnement social et politique.
Les paroisses, en revanche, en étaient dépourvues, mais les communes qui se superposent aux paroisses d’ancien régime manifestent dès les premières décennies du XIXème siècle une certaine propension à se pourvoir d’armoiries qui leur permettent d’affirmer leur identité ; la loi du 5 avril 1884 leur permet de les établir à leur guise.
C’est ainsi que l’héraldique se trouve avoir été considérablement enrichie sous les différentes républiques et que la moindre commune peut, comme un prince de sang ou comme les plus grandes villes de France arborer sur son papier à lettre ou sur ses plaques de rues un blason taillé sur mesure.
Les meubles (signes objets ou figures animales et humaines) et les émaux ( métal : couleur or ou argent et couleurs : gueule=rouge, azur=bleu, sable=noir, vert=sinople, gris brun=pourpre, brun orangé=tanné) permettent une infinie variété de combinaisons d’images qui font de l’héraldique un monde foisonnant d’une grande richesse plastique qui peut être vu aussi comme un gigantesque recueil de charades.
Dans les années 60
Les armoiries du Tourne qui peuvent sembler constituer un élément essentiel de notre identité sont en fait très jeunes puisqu’elles ne furent créées que dans les années soixante.
Le 26 mai 1961, M Desmond, Maire, propose au conseil municipal de « soumettre à M le Préfet, pour avis favorable, le projet de création d’armoiries pour la commune de Le Tourne comportant une étampe (sic) où figurent un pécheur, un poisson ainsi qu’un cep de vigne. ».
Le 30 octobre 1961 il soumet au conseil municipal le projet de blason établi par Monsieur le directeur des Services d’archives de la Gironde, conforme aux règles de la science héraldique, qui symbolise le rôle historique et les activités de la commune.
Les armes de Le Tourne seraient donc :
- d’or aux trois peupliers de sinople sur une terrasse de même,
- au chef d’azur chargé de trois coquilles de Saint-Jacques d’argent,
- à la pointe d’azur chargée d’une alose d’argent ;
- supports : deux ceps de vigne au naturel.
Le 12 mai 1962, le Maire soumet au Conseil Municipal le nouveau projet de blason, établi par Monsieur le Ministre d’Etat Chargé des Affaires Culturelles, en définitive la couronne murale doit obligatoirement « sommer » les armes de la ville, conformément au règlement du 17 mai 1809. En conséquence, la nouvelle esquisse reçoit l’agrément du Conseil Municipal qui adopte ce nouveau blason à l’unanimité.
Aujourd’hui
Depuis lors, les armoiries du Tourne sur lesquelles on trouve des peupliers évoquant les arbres des palus, les coquilles Saint-Jacques qui rappellent que les pèlerins venant de La Sauve en route vers Compostelle y franchissaient la Garonne évoquée par la pointe bleue chargée d’une alose, figurent sur les documents officiels de la mairie ; complétées par la couronne « murée » mieux adaptée aux villes remparées qu’aux communes rurales et par des ceps et rameaux de vignes elles reflètent l’image que le conseil municipal souhaitait donner de ce territoire encore ancré dans la ruralité.
Le conseil municipal actuel et Madame le Maire, souhaitent protéger ce qui peut être gardé de cette ruralité, mais, soucieux d’affirmer la capacité du Tourne de s’adapter aux exigences d’une communication, il a souhaité proposer, en complément à cet emblème historiciste sinon passéiste, un signe plus en phase avec le monde actuel et les attentes d’une communication efficace : un « logo » à la fois graphiquement plus simple, plus abstrait et plus aisé à mémoriser et à reconnaître que le blason composé il y a cinquante quatre ans par le « héraut d’armes » des archives départementales à qui il faut reconnaître un grand talent plastique et héraldique.